NATHAN LE SAGE

"La pièce emblématique de tous ceux qui espèrent encore pouvoir ramener le monde à la raison".  Amin Maalouf

 

Dans le cadre de sa tournée 2017/2018, et après son magnifique accueil à Paris, le chef-d'oeuvre de Lessing, Nathan le sage, dans l'adaptation et la mise en scène de Dominique Lurcel, sera accueilli très prochainement :

 

- le 16 novembre 2017, à 20h, à l'Aqueduc, Centre culturel (Dardilly). Infos et réservation. 

- le 23 novembre 2017, à 20h30, à LA SUCRERIE - COULOMMIERS (77). Infos et réservation.

- le 8 décembre 2017, à 20h30, au théâtre de Givors. Infos et réservation. 

 

La presse en parle (Paris, avril-mai 2017)

LE FIGARO / Armelle Héliot

Nathan Le Sage nous parle au présent. Dans Jérusalem, le riche marchand Nathan (Samuel Churin) revient d’un long voyage. En son absence, sa fille Recha a été sauvée des flammes par un jeune templier (Jérôme Cochet). On est en 1187, au temps de la 3ème croisade. La maison de Nathan est gouvernée par une servante volubile, Daja (Christine Brotons). Dans le palais du noble musulman Saladin (Gérard Cherqui), veille sa sœur Sittah (Faustine Tournan). Lessing fait paraître le patriarche de Jérusalem (Joël Hounhouénou Lokossou) et un frère Lai (Tadié Tuéné). Nathan écoute et accueille paroles et pensées des autres, discute. Saladin fait de même. Lessing met en présence trois hommes, et les trois religions du Livre. Il ne craint pas les affrontements, les désaccords, voire les incompréhensions. La fable ne pèse jamais. Il a écrit une comédie et le public rit de bon cœur. La leçon pèse d’autant moins. Elle est grande et flambe haut. Elle dit la tolérance et l’amitié. L’espérance.

C’est la troisième fois que le directeur de Passeurs de mémoires remet l’ouvrage de Lessing sur le métier. Il en signe la traduction et l’adaptation. Sans doute en saisit-il plus que jamais les lignes de force.  Le spectacle est d’une pureté lumineuse, à l’image du tapis original dessiné par un élève en arts appliqués et tissé par des femmes marocaines, qui est l’unique décor dans la belle salle de L’Epée de bois. Une très grande pièce, un très beau spectacle.

 

LE MONDE / Judith Sibony

Véritable délice intellectuel, la pièce ne recule devant aucun coup de théâtre, ce qui pourrait être une faiblesse mais s’avère plutôt charmant : on perçoit derrière chaque scène la sincérité d’un auteur qui préfère montrer les ficelles plutôt que de tricher avec sa pensée.

La mise en scène de Dominique Lurcel prolonge parfaitement cette profession d’honnêteté à la fois noble et gracieuse : on sent que ce minutieux traducteur veut d’abord raconter une haletante histoire d’idées, et n’a que faire des facilités ornementales. Le décor se résume à un tapis d’orient (mais presque un tapis volant !), et aux murs nus du théâtre de l’Epée de bois. Même sobriété confiante du côté des acteurs qui sont toujours dans l’écoute et jamais dans la démonstration de virtuosité. On est un peu étonné au début du spectacle, par l’allure de la jeune première, Laura Segré, qui ne joue absolument pas la carte de la séduction ; mais elle s’avère de plus en plus convaincante au fil de la pièce.

Or c’est bien de cela qu’il s’agit ici : convaincre. Portée par l’esprit des Lumières qui souffle sur chaque réplique, la troupe y parvient le plus naturellement du monde, et le spectateur se trouve bel et bien embarqué dans le monde rêvé de Lessing. Un monde où la sagesse contagieuse du grand Nathan peut tout sauver. Un monde aussi harmonieux que l’air de Fidelio (unique opéra de Beethoven) qui retentit juste avant les applaudissements.

 

L’OBS / Jacques Nerson (***)

C’est une pièce à facettes. Suivant la façon dont on l’aborde, elle peut aussi bien empoigner qu’assommer. Il y a 20 ans, Alexander Lang l’avait rendue affreusement lourdingue à la Comédie Française. Merci à Dominique Lurcel de nous avoir réconciliés avec elle. (…) Amin Maalouf dit que « la pièce est emblématique pour tous ceux qui espèrent encore pouvoir ramener le monde à la raison ». Il est vrai que son doux scepticisme verse un baume dans le cœur de ceux qu’alarme la propagation des fanatismes. Cette reprise tombe à point nommé. Là où Dominique Lurcel se montre malin, c’est qu’il ne s’appesantit pas sur le message philosophique. Lessing dit sans son aide ce qu’il a à dire. Ainsi la poésie de ce conte écrit sur le modèle de Shakespeare est-elle préservée. De la distribution de 2005 ne reste que Samuel Churin, entre temps passé du rôle du templier à celui de Nathan. Il s’y montre noble et familier sans jamais faire le raisonneur. Se distinguent aussi Jérôme Cochet, le templier bête comme un jeune chien, et Tadié Tuéné, l’adorable frère lai.

 

POLITIS / Gilles Costaz

Etrange et stupéfiante pièce que Nathan le Sage, écrite en 1779 par l’allemand Gotthold Ephraïm Lessing. En remontant au temps des croisades, l’auteur met face à face les représentants des religions juives, chrétiennes et musulmanes, les embarque dans une série de conflits et les conduit vers la plus parfaite des tolérances. La pièce est d’une grande hauteur d’esprit et s’incarne dans des personnages toujours séduisants.

Dominique n’a cessé de se passionner pour Nathan le Sage. Il a traduit le texte, en a donné une édition savante, l’a déjà monté en 2004 et en donne à présent une nouvelle mise en scène, totalement épurée. Devant le beau mur de pierres de l’Epée de bois, il n’y a au centre qu’un étroit rectangle couvert d’un tapis rougeoyant : une scène minimale à l’intérieur d’une scène maximale, en biais, comme orientée vers le ciel. Les acteurs sont vêtus de costumes d’aujourd’hui.

Dominique Lurcel (qui reprend parfois le rôle de Nathan tenu par Samuel Churin, c’est lui que nous avons vu), Christine Brotons, Gérard Cherqui, Joël Hounhouénou Lokossou, Jérôme Cochet et Tadié Tuéné sont parfaits dans cette longue et luxuriante virevolte spirituelle.

 

MARIANNE / Jacques Dion

Nathan est l’humaniste né, l’homme qui ne peut voir souffrir les autres, le tolérant qui ne cède à aucun chantage. Dominique Lurcel a mis en scène ce personnage dans la pièce éponyme, tirée de l’œuvre de G.E.Lessing, qu’il propose régulièrement au public avec des adaptations différentes.

Cette fois, Dominique Lurcel plonge l’histoire dans le monde présent, où il transpose la rencontre de trois hommes que tout pourrait opposer. Sur fond d’une histoire sentimentale tirée par les cheveux, la pièce est une charge féroce en même temps que drôle contre tous les préjugés nés de l’instrumentalisation des religions par des esprits à qui on ne donnerait pas le bon Dieu sans confession.

On se joue des clichés ethniques, des fantasmes mystiques, des principes identitaires déformés, des allusions racistes décomplexées. Si aucune religion n’est épargnée, aucune n’est insultée. Toujours la raison l’emporte sur l’intolérance, et la lumière sur l’obscurité. De nos jours, après les évènements que l’on a connus, au Proche Orient comme en Europe, il est bon de saluer l’œuvre d’un créateur dont la perspicacité est salutaire. A une époque où certains jettent des brindilles sur les cendres des guerres de religion, Nathan le Sage est d’intérêt public.

 

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